Comment faire une Drum Cover sur Youtube

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COMMENT RÉALISER UNE DRUM COVER EN VIDÉO
Réalisation, enregistrement, montage, diffusion

Voici une version augmentée d’une interview donnée à Batterie magazine, où je partage mon expérience et ma manière de faire des drum cover. J’espère que cela vous sera utile. Beaucoup de sujets sont abordés, pour plus de précisions, n’hésitez pas à me poser une question dans la section commentaire en bas de page, je répondrai à chacun d’entre eux. Bonne lecture !

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I. CHOIX DU MORCEAU 

musique

> Critère artistique :
Choisir un bon morceau, c’est choisir un morceau qui vous inspire. Ce choix peut s’opérer en fonction de la partie de batterie originale (si celle-ci vaut le détour) ou au contraire grâce à l’absence de batterie. En écoutant une chanson, on peut se dire : « Tiens, là je verrais bien un groove différent » ou « je remplacerais bien ce beat électro par une batterie ! » Personnellement, mon objectif principal est de montrer qu’une bonne batterie peut changer la perception que l’on a d’une chanson.

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     > Variez les plaisirs :
Ne choisissez pas toujours le même type de chansons, sinon vous risquez de stagner et de perdre en motivation. Il faut se challenger et prendre des risques. Je n’ai, pour ma part, pas encore exploré le jazz, le funk, les musiques latines ou folk, mais ça viendra ! Il faut être curieux et ouvert. Par exemple je ne suis pas un fan de music pop, dance, mais quand j’ai entendu « Lucky Strike » et « Maps » de Maroon 5, je me suis dit qu’il y avait un truc intéressant à faire !

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     > Critère stratégique :
Pour moi, il y a 4 points importants pour assurer un contenu de qualité. La personnalité, la qualité du jeu, du son, et de la vidéo. Le tout doit être cohérent, pas forcément « parfait », mais cohérent. Ce n’est pas la peine d’avoir un son exceptionnel avec une vidéo de mauvaise qualité et vice versa. Il y a énormément de batteurs Youtube qui font des vidéos de qualité, il faut donc se démarquer et présenter son travail de la meilleur manière.
Ensuite il y a une dimension stratégique dans le choix d’un morceau : sa notoriété !
La notoriété d’un titre peut vous aider dans le développement de votre chaîne YouTube. Il est évident qu’un morceau récent d’un artiste en vogue aura un potentiel de résonance et de visibilité plus important qu’un groupe underground. Quoi que, certains batteurs, se créent justement une réputation uniquement sur une musique de niche, souvent liée à une communauté active qui va les soutenir.
Attention : La course à la vue ne doit pas devenir une fin en soi. L’aspect artistique doit être votre priorité ! Montrez en priorité la passion, l’énergie, et la cohérence de ce que vous voulez présenter. Si ce que vous faites est original, authentique et de qualité, des gens vous suivront. Je pense qu’il vaut mieux avoir peu de followers impliqués, plutôt que d’avoir énormément de followers qui passeront rapidement à autre chose.

Pour résumer, si vous voulez avoir de bons retours sur ce que vous faites, essayez d’inspirer les gens, soyez inspirés par ce que vous faites. Les chansons « populaires » peuvent vous aider à gagner en visibilité mais concentrez-vous sur le fait de faire quelque chose qui vous ressemble. Prenez votre temps, les vidéos que vous allez publier seront disponibles à vie, donc cette aventure est plus à envisager comme un marathon et non comme un sprint. Peut-être que votre chaine va mettre 2 ans à décoller, mais rien ne presse.

II. QUELS TYPES D’ARRANGEMENTS

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imagesOn distingue deux approches. La première consiste à retravailler totalement la rythmique du morceau tandis que la seconde consiste à coller au maximum à la version originale.
Les deux sont intéressantes.
On peut désirer se tourner vers une chanson technique pour essayer de la comprendre et la reproduire (comme un challenge), ou rechercher une chanson avec très peu de batterie pour pouvoir composer dessus. Enfin, on peut également avoir un coup de cœur sur quelque chose de simple, qui nous parle et sur lequel on a envie de se déchainer en s’imaginant jouer dans un stade plein à craquer ! Haha !

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     > Réinventer la partie de batterie :
J’affectionne tout particulièrement cette approche. J’ai un esprit créatif, je déteste les barrières. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussé à démarrer les « Drum Remix », cette envie irrépressible de passer derrière la batterie quand tu entends une chanson et que ton cerveau bouillonne d’idées !
Pour moi, l’approche créative implique un choix de morceau avec peu (ou pas) de batterie, ce qui permet d’y mettre sa patte, son style, ses idées. De plus, comme je ne trouve jamais de drumless (version d’une chanson sans la piste de batterie) pour les morceaux que je souhaite réarranger, je suis obligé de jouer au moins ce qui existe déjà pour ne pas entendre deux batteries qui se chevauchent sur le rendu final. Donc autant choisir un morceau qui n’en a pas beaucoup, autrement, la marge de manœuvre pour créer sera moindre.
Le véritable objectif quand vous choisissez un morceau que vous souhaitez réinterpréter, c’est de vous faire plaisir, en jouant ce que vous avez en tête, tout en respectant la chanson. J’admets avoir fait quelques petits écarts parfois, pour le côté « show » ou à cause d’une mauvaise canalisation de mon énergie sur le moment. C’est tout un apprentissage…

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     > Rester fidèle à la version originale :
L’autre approche se concentre sur la reproduction de ce qu’un batteur a déjà fait. L’intérêt est tout autre : essayer de comprendre l’intention du musicien, apprendre de nouveaux plans, et tenter de les reproduire le plus fidèlement possible. J’apprécie de plus en plus ce processus consistant à se mettre à la place du batteur du groupe.
Avec le recul, je me rends compte que je choisis souvent des chansons mainstream lorsque j’ai envie d’être créatif. En revanche, pour les reprises qui collent à l’original, je choisis des titres qui se rapprochent plus de mes goûts personnels et dont la batterie originale a un intérêt et se suffit à elle-même.

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     > Une mise en scène décalée :

L’aspect purement musical ne suffit pas toujours. Les YouTubeurs/musiciens sont des milliers sur le web, et si vous souhaitez que les internautes vous suivent sur la durée, il est important d’apporter un style personnel, une attitude, une marque de fabrique reconnaissable à vos vidéos.
Il est également possible de sortir du format classique du batteur qui joue sur sa batterie Pour ma part, j’aime opter de temps en temps pour une mise en scène décalée. C’est agréable de ne pas toujours se prendre au sérieux, et ça me pousse à être encore plus créatif. Généralement, ça fonctionne plutôt bien !

Vidéo ici

III. CHOIX DE L’INSTRUMENT : ELECTRO VS ACOUSTIQUE ?

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La plupart de mes covers est jouée sur une batterie électronique. Pour le coup c’est un choix qui s’est imposé à moi puisque je suis en appartement, mais je ne le regrette pas du tout, au contraire ! Depuis peu, j’ai également l’opportunité de pouvoir m’enregistrer et me filmer pour des drum covers sur acoustique en studio. En live avec mon groupe, je joue sur une acoustique et je travaille régulièrement dessus pour ne pas perdre mon toucher et mes habitudes à force passer du temps sur ma Roland.
Les deux types d’instruments ont leurs caractéristiques propres, leurs avantages et inconvénients. Le tout est de savoir comment les utiliser et en tirer le meilleur parti.

Certains vous diront qu’une batterie électro ne fait pas le poids face à une acoustique. Je vois les choses autrement : effectivement un kit électronique ne permet pas de reproduire à l’identique le toucher, les sons, nuances et les résonances d’une vraie batterie. Par contre, cet instrument possède de nombreux avantages :
– Le son est personnalisable à l’infini et peut être retravaillé beaucoup plus facilement, vous pouvez créer des sons originaux, complémentaires à l’acoustique
– Cela permet de monter un home studio chez soi bien plus facilement qu’avec une acoustique.
– Le kit électronique nécessite beaucoup moins de matériel pour s’enregistrer, et facilite grandement la phase de mixage.
– L’editing est bien plus rapide avec une batterie électro.
– De plus en plus d’artistes demandent d’intégrer une partie électro dans le set de batterie, il est donc bon de savoir comment les utiliser

Il faut s’adapter ! Gardez en tête que vous pouvez produire des sons particuliers avec une acoustique que vous ne pouvez pas faire avec une électronique, et vice versa. Tout dépend de ce que vous voulez faire, vos goûts etc…

IV. MA CONFIGURATION

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Roland_Corporate_Logo_black   > Batterie électronique :
Je suis très content de pouvoir jouer chez moi sur ma Roland TD-25, sans qui je n’aurais pas pu réaliser tout ce que j’ai fait jusqu’à présent. J’ai la chance, depuis peu, de faire partie de leurs artistes endorsés, et je remercie la marque pour son super accueil. Roland offre des produits fiables et résistants (il suffit de regarder comment je maltraite ma batterie, haha !)
J’opte pour un module Roland (d’abord le TD-9, puis le TD-12, et aujourd’hui le TD-25), que je relie à mon ordinateur MacBook via un câble midi-USB. J’utilise un séquenceur pour enregistrer les notes midi et une banque d’instruments virtuels pour créer le son de batterie.
Vous pouvez également utiliser une carte son externe si celle de votre ordinateur ne tient pas la route. Vous pouvez aussi utiliser directement les sons internes de votre module, avec un ou plusieurs câbles jack reliés à la carte son selon votre matériel.

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> Batterie acoustique :
Sur acoustique, j’ai enregistré ma première vidéo (une reprise de Royal Blood) dans le studio DIH Prod. Ce n’est pas moi qui ai fait l’installation. Un setup classique pour enregistrer une batterie acoustique peut être le suivant : deux micros pour la caisse claire (top/bottom), un micro pour chaque tom, un micro charley, un micro ride, un overhead pour les cymbales, le tout relié à une carte son qui va comporter autant d’entrées que de micros. Vous pouvez ensuite enregistrer et gérer votre son via un séquenceur et des plug-ins ou du hardware.
Pour les petits budgets, vous pouvez vous procurer un enregistreur numérique portatif type Zoom H4N et mixer le son avec celui de la caméra. En réglant correctement le niveau du Zoom et l’accordage de la batterie, vous pourrez obtenir un mix « live » tout à fait honorable.

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FullSizeRender > L’écoute :
Dans les deux cas, j’utilise des in–ear monitors de chez Earbay pour plus de confort d’écoute sur scène et en studio. Mais on peut très bien se contenter d’un simple casque audio de qualité. Bien entendre, c’est déjà un bon pas dans le processus !
     

 > Le matériel vidéo : Une ou plusieurs caméras, un bon éclairage et un logiciel de montage sont requis. Pour ma part, j’utilise deux ou trois caméras GoPro selon les chansons et un appareil photo Nikon.
Pour les petits budgets, ne vous découragez pas. Une configuration comme la mienne s’acquiert au fil du temps ! J’ai démarré avec un smartphone, et deux appareils photo bas de gamme. Si vous avez un éclairage suffisant, cela fait largement l’affaire pour débuter. D’ailleurs, si vous voulez un conseil perso, commencez par investir dans de l’éclairage avant d’investir dans du matériel vidéo. A moins de vouloir créer une ambiance particulière, optez pour de l’éclairage blanc, minimum 2x300W pour pouvoir mettre un projecteur à droite et à gauche de soi, avec si possible un autre en face. La disposition doit être ajustée selon la disposition des caméras et de la batterie.

Plus de détails ici

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V. ENREGISTREMENT, MIXAGE, MONTAGE VIDÉO

Je commence par préparer une session dans le logiciel Logic Pro X avec le tempo de la chanson (quand le morceau est joué au clic), puis je détermine le son de batterie qui me parait le plus adapté au morceau (un des avantages de l’électro).
J’allume les lumières, les caméras, je lance l’enregistrement, et je joue jusqu’à obtenir la prise parfaite ! Une fois que je suis satisfait, je passe au mixage.
Pour cela, j’utilise les samples de la banque de sons Steven Slate Drums, principalement ceux mixés par David Bendeth et Chris Lord Alge : une tuerie ! Je les mixe avec les plug-ins de Slate Digital : j’aime particulièrement SSD4 et Slate Digital parce que c’est du « Ready to use ». Tu tournes trois boutons, et ça sonne ! Je gagne un temps précieux, et pour ça, je les apprécie énormément. J’utilise un compresseur, un simulateur d’enregistreur à bandes, une réverbe, et le plus souvent, c’est suffisant. Je me contente des presets déjà établis, donc impossible de vous donner plus de détails sur les réglages.
Une fois que je suis satisfait du son, j’exporte le mix et j’utilise le logicel vidéo Final Cut Pro X. Après avoir synchronisé les différentes sources vidéos, je retouche la couleur, la luminosité, et je les synchronise avec le son. J’exporte le tout avec Compressor pour obtenir un format compatible avec YouTube, dont la taille oscille entre 400 et 600 Mo.

VI. DIFFUSION DE LA VIDÉO

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 01e6e31f43154267185da2f6a2e82de9_large    > Référencement sur YouTube :
Pour bien référencer votre vidéo sur YouTube, il faut choisir un titre court et clair, sans fioritures du genre : titre de l’artiste, titre du morceau, et la mention « drum cover » ou « drum remix ». En revanche, il ne faut pas lésiner sur la description et les tags (mots clés), cela va aider au référencement naturel.
Les gens qui regarderont votre vidéo pourront avoir envie de vous connaître un peu plus. Il ne faut pas hésiter à vous créer un site, une page artiste sur Facebook, pour les inciter à vous suivre, mais aussi répondre à leurs commentaires et messages. L’idée n’est pas seulement de promouvoir une vidéo, mais de créer une communauté, dialoguer avec les personnes qui vous soutiennent…

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     > Obtenir une bonne visibilité :
Mon conseil pour lancer une vidéo est de démarrer la promotion sur Facebook (avant et après l’upload sur YouTube), via la création d’un event, ou tout simplement en partageant le lien sur votre mur ou page d’artiste.
Facebook étant maintenant très accès sur le paiement pour rendre les vidéos visibles, une solution qui peut s’offrir à vous (outre le fait de payer) est d’uploader un extrait de votre vidéo sur Facebook et de mettre le lien YouTube dans la description pour rediriger l’internaute vers la version complète.
Twitter est également un très bon moyen de communication, car avec les tags, ce réseau social permet de rentrer en contact directement avec l’artiste ou avec son management. C’est comme ça qu’un jour, le compte tweeter de Shakira a retweeté l’une de mes vidéos. Autant vous dire que j’étais aux anges !

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      > Patience et persévérance :
Ensuite, il faut compter sur le temps et sur la qualité de vos vidéos pour que la diffusion prenne progressivement. Il n’y a pas de miracles.
Un conseil : n’en faites pas trop. Poster et reposter votre vidéo partout, chaque jour peut avoir un effet répulsif. Ne soyez pas défaitiste si vous constatez que la vidéo ne réalise pas un grand nombre de vues dès les premiers jours. Une vidéo peut très bien démarrer doucement, et décoller au bout de deux ans… Globalement les vidéos gagneront en visibilité si votre chaîne se développe.

VII. COPYRIGHT

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copyrightallrightsreservedComme tout ce qui touche à Internet, il existe encore un flou juridique concernant l’exploitation d’un titre sous forme de reprise postée sur les réseaux sociaux. Le propriétaire des droits peut autoriser ou non l’utilisation du contenu par un tiers, en contrepartie d’une monétisation à son compte. Cette autorisation peut varier d’un pays à un autre. Par exemple, l’Allemagne, qui protège énormément les droits d’auteurs, bloque presque systématiquement les vidéos qui utilisent du contenu protégé. En revanche, il existe une loi américaine autorisant des tiers à utiliser une chanson protégée si la démarche est purement liée au divertissement et ne génère aucun profit. Cela n’a pas réellement d’impact, mais je prends soin de copier-coller le petit paragraphe de la loi dans la description de chacune de mes vidéos sur YouTube. En plus du texte, n’oubliez pas d’indiquer que vous n’êtes pas détenteur des droits du morceau en question en ajoutant la mention « This song is the copyrighted property of its owner(s) ». Cela ne vous protègera pas mais ça ne mange pas de pain ! Plus d’infos ici : http://youtubecreator.blogspot.com/2016/04/improving-content-id-for-creators.html

VIII. CE QU’APPORTENT LES DRUM COVERS

Les drums covers m’ont apporté deux choses essentielles :
Tout d’abord je me suis énormément amélioré. Quand tu t’enregistres, le verdict tombe comme un coup de massue sur la tête : « Quoi ? J’ai vraiment joué ça ? » Tu prends conscience de tous tes défauts.
Cela occasionne de grosses remises en question, mais au final, cela fait énormément de bien à ton jeu. C’est une vraie école, et je ne peux que vous la recommander !
Ensuite, grâce à mes vidéos, j’ai pu rencontrer virtuellement et physiquement beaucoup d’artistes très intéressants, avec qui j’ai pu collaborer sur plusieurs projets, principalement dans la pop (française et polonaise !), le rock et le metal.
Des artistes me contactent pour enregistrer sur leur album, faire des remplacements sur scène, intégrer de nouvelles formations… Il n’y a pas de meilleure carte de visite !

Article original par Adrien Drums/Sébastien Benoits. : Batterie Magazine N° 128

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“Music is a matter of Sharing”